Le régulateur européen a demandé l’interdiction du minage de bitcoins, le consensus utilisé pour valider les transactions sur la blockchain Bitcoin et sur Ethereum.
Selon le Financial Times, le vice-président de l’ESMA, Erik Thedéen, a déclaré que les mineurs devraient être interdits en raison de la forte consommation d’énergie dans ce secteur (source).
“La solution est d’interdire la preuve de travail. La preuve d’enjeu a un profil énergétique nettement inférieur” déclare Erik Thedéen
Il est à noter que le minage du Bitcoin pose également un problème en Suède. Erik Thedéen, également vice-président au Finansinspektionen, l’autorité suédoise de surveillance financière avait tenu des propos similaires (source).
Aujourd’hui, la plupart des blockchains qui se sont développées fonctionnent avec la preuve d’enjeu “proof-of-stake” (POW) et il est prévu qu’Ethereum passe à la preuve de travail “proof-of-stake” (POS) avec son passage vers Ethereum 2.0 à horizon 2022 (si tout se passe comme prévu). Pour ce faire, une rupture est opérée pour changer en profondeur les règles de fonctionnement de la blockchain (en savoir plus).
Voyons dans quelle mesure la preuve d’enjeu a “un profil énergétique nettement supérieur” à la preuve de travail.
Un débat qui n’est pas nouveau
Le changement de localisation des mineurs suite à l’interdiction du minage en Chine (en savoir plus) avait soulevé des questions aux États-Unis concernant l’énergie qui serait utilisée (renouvelable/non renouvelable), alors que le pays était devenu le premier pays mineur de Bitcoin (en savoir plus).
Récemment, des manifestations contre le minage du Bitcoin ont eu lieu au Kazakhstan, où la part de marché a augmenté de 61 %, dans le même temps, le classant ainsi en troisième position. Alors que cet exode vers le pays constituait une opportunité par les mineurs du fait de sa proximité, le pays avait du mal à assumer le poids de l’utilisation d’électricité par les mineurs. En effet, le pays dispose d’infrastructures, mais reste limité au vu des objectifs environnementaux qu’il se donne et pas la disponibilité (insuffisante) des énergies qui sont pour la plupart non renouvelables.
Au Kazakhstan, les pénuries d’électricités causées par la surcharge du réseau ont eu raison des potentialités économiques et technologiques que pouvait entraîner cet exode. Cela apporte de nouveaux emplois et génère de nouveaux revenus, mais son fonctionnement nécessite également une source considérable d’énergie que le pays n’assume que difficilement.
Les sources d’énergie de la preuve de travail (proof-of-work)
La preuve de travail est utilisée par les blockchains de première génération comme le Bitcoin, la première blockchain crée en 2009 ainsi que, par des blockchains de seconde génération comme c’est le cas pour Ethereum qui est, la première blockchain du genre à avoir été créée en 2015.
Jusqu’en 2021, lorsque la Chine était encore le principal acteur dans le minage, 32 % de l’énergie utilisée par la blockchain Bitcoin provenait d’énergies renouvelables au niveau mondial.
En Europe et aux États-Unis, le pourcentage médian d’énergies renouvelables est relativement élevé, à environ 70 % et 66 % respectivement, tandis que la médiane était beaucoup plus faible en Asie-pacifique et représentait 25 %, l’énergie provenant majoritairement du charbon (source).
Ainsi, avec l’exode de la Chine, cette part à fortement diminuer. Par ailleurs, les blockchains qui ont été créées après Bitcoin et Ethereum, utilisent essentiellement la preuve de travail (POS) comme Tezos, une blockchain qui permet aussi de créer des applications décentralisées (en savoir plus). Les blockchains de cette nouvelle génération utilisent également la preuve d’enjeu délégué (DPoS) comme c’est le cas pour la blockchain EOS qui offre également les mêmes services (en savoir plus).
La preuve de travail (proof-of-stake), une meilleure solution ?
Le POW (preuve de travail) et le POS (preuve d’enjeu) sont tous deux des protocoles, un ensemble de règles préétablis qui a pour objectif de dissuader les cyberattaques.
Ces protocoles permettent de se défaire d’un tiers de confiance, car ils intègrent des mécanismes autonomes de dissuasion et ont les mêmes buts : permettre une vérification des transactions résiliente et créer de nouvelles cryptomonnaies en récompensant les mineurs sur la blockchain Bitcoin et sur la blockchain Ethereum.
Dans le POW, les mineurs sont face à une difficulté d’action qui challenge et les “dissuades” de toutes attaques, les amenant à résoudre une énigme difficile en utilisant leurs ressources informatiques (cartes graphiques, machines dédiées, électricité).
Alors que dans le POS, les mineurs sont des “validateurs”, tirés au sort par un algorithme qui détermine qui sera le validateur qui vérifiera les transactions, après la mise en gage (mise en pension) d’une quantité d’ETH (cryptomonnaie d’Ethereum) déterminée au cours du temps selon différents paramètres par l’algorithme “Casper”.
Ainsi, en POS on n’a pas besoin d’électricité. Les seules conditions qui influent sur les chances de participer ou non à la validation des transactions et à la sécurisation du réseau sont le nombre d’ETH et les conditions du réseau. En effet, les valideurs participent alors aussi à la sécurisation du réseau dans la mesure où, ils sont soumis à l’algorithme élaboré et puissant (Casper) qui repère les incohérences (s’il y en a) et sanctionne le valideur en provoquant la perte de ses ETH en pension. Les valideurs ont donc tout intérêt à valider correctement les transactions et empocher la récompense à la clé.
Ce mode alternatif de création de “block” passe par la validation des transactions est moins décentralisé, car il implique uniquement les personnes ayant le nombre d’ETH suffisant pour espérer, participé à la validation des “blocks”, tandis que tout un chacun peu décider de miner du Bitcoin partout dans le monde s’il dispose d’internet et d’une source d’électricité.
Vous l’aurez compris, l’empreinte carbone liée à son utilisation est donc proche de zéro puisqu’aucune dépense d’énergie n’est requise pour valider les blocks. Le réseau est sûr parce que les manœuvres non conformes sont sanctionnées.
Par ailleurs, des mécanismes permettent en cas de tentative de piratage de faire barrage en augmentant le prix. Sur ce point, le POS à rien à envier au POW qui pour fonctionner consomme de l’énergie. Néanmoins, le POW garanti un niveau de sécurité supérieur. D’ailleurs, Bitcoin est reconnu comme l’une des technologies les plus sécurisées au monde grâce à son consensus POW.
Comme expliqué dans notre article sur l’exode des mineurs de Chine, en l’état actuel des choses, cette consommation énergétique est relative. L’extraction minière de l’or consomme, au minimum, deux fois plus d’énergies. De plus, le bien-fondé de l’utilisation d’une certaine quantité d’énergie se mesure à la hauteur de l’utilité qu’on lui attribue et à la hauteur de la valeur du service perçu. Elle se mesure aussi au regard des inconvénients qu’une telle utilisation engendre. En définitive, tout n’est qu’une question de perspective.