Une consultation a lieu en ce moment même sous la direction du département de Stabilité financière, services financiers et union des marchés des capitaux. Elle vise à définir les contours d’un prochain euro numérique.
La stratégie Européenne concernant les crypto semble plutôt tournée vers la mise en place d’un euro numérique qui coexisterait avec les pièces et billets.
Un grand nombre de spécialistes du secteur ont été conviés tel que des fournisseurs d’infrastructures de paiement, des établissements de paiement et de monnaie électronique ou encore des associations de commerçants, associations de consommateurs.
Cet évènement entre dans le cadre d’une série de consultations initiée en 2020 et qui devraient prendre fin en mi-2023, la dernière en date datant d’octobre 2021 avec la BCE.
Selon l’annonce officielle, l’objectif est de “fournir des données supplémentaires auprès des principaux secteurs d’activité (intermédiation financière, services de paiement), des utilisateurs (associations de consommateurs), des associations de détaillants (chambres de commerce, etc.) et des parties prenantes du commerce international)“, avec pour ordre du jour, la collecte d’information concernant :
- Les besoins et attentes des utilisateurs pour un euro numérique
- Le rôle de l’euro numérique pour les paiements de détail de l’UE et l’économie numérique
- Rendre l’euro numérique disponible pour le commerce de détail tout en continuant à préserver le cours légal de l’euro en espèces
- L’impact de l’euro numérique sur le secteur financier et la stabilité financière
- Application des règles de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (LBC-FT)
- Les aspects de confidentialité et de protection des données
- Paiements internationaux avec un euro numérique
D’après des sources, elle portera également sur la confidentialité, un enjeu majeur pour l’Euro digital.
La Monnaie Numérique de Banque Centrale : la nouvelle norme mondiale
Selon la Banque des règlements internationaux (BIS), 86 % des banques centrales dans le monde étaient engagées dans des travaux de réflexion sur la création d’une monnaie numériques dès 2020.
Les MNBC sont des stablecoins, à l’instar des cryptomonnaies, elles sont (sans surprise) numériques, mais différents au niveau de l’émetteur et de leur valeur intrinsèque (en savoir plus).
Il existe deux types de Monnaie Numérique de Banque Centrale (MNBC) :
- La Monnaie numérique de gros (ou « wholesale ») qui s’adresse aux institutionnels et concerne uniquement les échanges interbancaires ou transfrontaliers.
- La Monnaie numérique de détail (ou « retail ») qui offre une alternative de paiement et d’échange au grand public.
On assiste à une réelle montée en puissance des MNBC dans le monde entier. Le taux d’expérimentation est passé de 40% à 63% de 2021 à 2020, soit une évolution de 57,5 sur l’année.
Cette évolution fulgurante est la conséquence de plusieurs facteurs structurels et conjoncturels :
- La diminution de l’utilisation des monnaies en espèces
Ce point est particulièrement vrai en Occident où, la crise sanitaire à accéléré l’utilisation des moyens de paiement sans contact, du virement SEPA et à entrainé une démocratisation de la consommation en ligne (OCDE).
- Une concurrence des monnaies numériques privées et de banques centrales étrangères
Depuis 2017, des travaux sont menés par la filiale de la Société générale, Forge et d’autres organismes, et l’association Blockchain INATBA a vu le jour en 2019, soutenue par la Commission Européenne, la Banque mondiale, l’OCDE, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies, la CCNUCC, l’UNICEF, la Banque européenne d’investissement ou encore, l’OCDE. Des travaux ont été menés conjointement ou séparément pour des usages internes (MNBC de gros) notamment, avec récemment, en mai 2021, l’émission d’obligations européennes sur la blockchain Ethereum, par la Banque des États membres (la Banque Européenne d’Investissement (BEI)), gérée conjointement par plusieurs groupes bancaires européens.
- Les avantages liés à l’utilisation d’une MNBC : réduction des coût et traçabilité
Fonctionnant sur un registre distribué sur lequel toutes les opérations sont enregistrées, les MNBC sont émises facilement et permettent de se défaire des couts liés à la gestions des comptes et à l’intermédiation reposant sur des infrastructures qui ont un coût.
- L’inclusion financière
Particulièrement vrai en Amériques du Sud et en Afrique, même si le moyen de paiement en espèce reste privilégié en Amérique Latines et en Afrique. Bien que la carte bancaire en Amérique Latine et le paiement mobile en Afrique y soient largement utilisés, un grand nombre de la population n’utilise que des espèces. Le Nigeria est actuellement très avancé sur sa MNBC et pourrait ouvrir la voie à d‘autres adoptions dans ces régions.
Cependant, cette évolution fulgurante n’est pas sans risques pour la stabilité bancaire, ce nouveau mode de paiement et d’échange pourrait notamment capter les dépôts bancaires traditionnels et réduire la rentabilité et la solvabilité des banques. En Europe et dans les autres pays, ce point est crucial et représente l’un des défis majeurs à l’instauration d’une MNBC.
À lire également : Les Monnaies Numériques de Banques Centrale (MNBC)