“Les jetons NFT ont acquis une telle popularité, car ils sont faciles à comprendre pour les utilisateurs.”
“Ils comprennent ce qu’ils achètent et quelle est sa valeur. C’est ce qui manque généralement lorsque l’on réfléchit à l’opportunité d’investir ou non dans la cryptomonnaie. La popularité des jetons NFT montre que les gens sont prêts et disposés à travailler avec la cryptomonnaie.”
Alexander Althausen, PDG de StormGain
Définition
Un NFT est un jeton unique 100 % virtuel qui est émis sur la blockchain et directement transférable entre deux personnes (pair à pair).
Un NFT est différent des cryptomonnaies classiques comme le Bitcoin ou l’Ether : les cryptomonnaies sont fongibles, c’est-à-dire interchangeables : 1 Bitcoin vaut 1 autre Bitcoin, alors qu’un NFT est non fongible.
Il est transférable entre deux personnes (pair à pair) et généralement, il est émis sur une blockchain (majoritairement sur Ethereum par le biais des différentes plateformes qui y ont été créées comme OpenSea, la plus grande plateforme de NFT).
Un Non Fungible Token (NFT) est un actif digital authentifié par la blockchain, et peu prendre n’importe quel forme : une parcelle de terrain dans un jeu vidéo, une carte Sorare qui représente un joueur de foot ou un ticket pour aller à une conférence.
LES CARACTERISTIQUES DES NFTs
La fongibilité d’une monnaie est utilisée à des fins de classification. Cette action n’est pas unique en son genre, et elle peut être remplacée par une autre de son espèce. L’exemple le plus frappant est sans doute la monnaie que nous utilisons au quotidien.
Par conséquent, les monnaies sont des actifs liquides, car un euro, un dollar ou toute autre unité monétaire a un caractère unique, échangeable, et a la même valeur faciale (hors inflation) qu’une autre unité monétaire à tout moment. Ce point est essentiel pour mieux comprendre les NFTs.
Revenons maintenant sur l’utilité et les caractéristiques de la blockchain (autre point essentiel à la compréhension des NFTs).
La blockchain est un registre décentralisé, transparent et infalsifiable (avec aucun retour en arrière possible) pour toutes les transactions. La blockchain est une méthode de stockage et de transmission des données qui ne nécessite pas la présence d’un organe de contrôle ou d’une quelconque intervention humaine pour l’exécution des opérations, comme c’est le cas aujourd’hui dans nos entreprises et toutes entités organisées.
C’est de là que les NFTs tirent leur traçabilité. Grâce à son caractère irréversible et à sa haute sécurisation, la blockchain « transmet » ses propriétés de traçabilité en permettant aux NFTs « on-chain », c’est-à-dire inscrits sur la blockchain, d’authentifier la provenance et les caractéristiques de cet objet. C’est pourquoi, dans ce type de circonstance, le NFT devient de plus en plus populaire : la transparence et l’intégrité de ces objets du numérique sont garanties grâce à la technologie blockchain. Ainsi, par exemple, le groupe LVMH teste des timbres ERC-721 non fongibles afin de certifier des produits de luxe et de lutter contre la contrefaçon.
La diversification de son utilisation
Les NFT peuvent être rangés dans 5 catégories : Les collectibles (a), les métaverses (b), trading cards game (c), les utilitaires (d) et les NFT Artistiques (e) et cette classification s’élargie dans le temps via ses diverses applications. En (f) nous vous présenterons les applications des NFTs dans l’immobilier.
A) Les collectibles et l’exemple emblématique des Cryptokitties
En décembre 2017, Axiom Zen, une entreprise canadienne, a lancé CryptoKitties. Axiom Zen est impliquée dans un large éventail d’activités, notamment dans le développement de logiciels et la réalité virtuelle, mais CryptoKitties a été l’un de leurs projets les plus réussis à ce jour.
Les fondateurs voulaient créer un jeu appelé qui permettrait à n’importe qui dans le monde de posséder des chats virtuels créés par un contrat intelligent. Chaque mème représentant un chat créé est unique en son genre, avec ses propres caractéristiques : cheveux /poils de différentes couleurs, etc. Par ailleurs, le projet a été développé sur Opensea, la plateforme de NFT développée sur Ethereum, évoquée plus haut.
Pour aller plus loin et comprendre comment fonctionne la “caractérisation” des NFT sur internet, nous vous invitons à lire notre article publié sur le NFT SMB #1355, le plus rare de la collection Solana Monkey Business.
- Est-il vrai qu’un CryptoKittie est une cryptomonnaie ?
Cette question n’est pas anodine. La frontière entre cryptomonnaies et NFTs est parfois mal comprise. Les individus font souvent l’erreur de penser que posséder des CryptoKitties équivaut à posséder des cryptomonnaies comme du Bitcoin ou du Litecoin. Ce n’est pas le cas.
Les CryptoKitties n’ont aucune valeur en dehors du réseau et de leur utilité dans le cadre du projet qui les portent. Ce sont des “actifs” de la blockchain.
Précisément, les CryptoKitties sont des jetons ERC-721 qui ont été créés sur le réseau Ethereum alors que les pièces numériques (cryptomonnaies) des applications blockchain que l’on retrouve sur ce même réseau sont des jetons ERC-20, l’acronyme ERC signifiant Ethereum Request for Comments. Comme énoncé précédemment, les jetons ERC-20 (cryptomonnaies) sont fongibles : 1 crypto ERC-20 donnée exemple : 1 ETH vaut 1 crypto ERC-20 (1 ETH) en tout lieu et leur valeur évolue de la même manière au cours du temps.
Depuis son lancement en décembre 2017, le marché des CryptoKitties a connu un succès rapide et à accompagner le développement des NFTs que l’on connaît aujourd’hui. Plus de 60 000 personnes se sont inscrites tout au long de la première semaine du lancement, ce qui a donné lieu à un total de 5 millions de dollars de ventes de CryptoKitties, un recors historique pour 2017. Une semaine plus tard, 150 000 utilisateurs s’étaient inscrits, et 15 millions de dollars de CryptoKitties avaient été vendus.
B) Les applications dans les Métavers
L’expression “metavers” vient de la combinaison des mots “méta” et “univers”. Le Metavers est un méta-univers ou un univers alternatif à celui que nous connaissons. Pour résumer, le Métavers est un monde virtuel.
Ce concept a été décrit pour la première fois dans le roman Simulacron 3 de Daniel Galouye, publié aux États-Unis en 1964 (en France en 1968) et adapté à l’écran par Rainer Werner Fassbinder dans Le Monde sur le fil en 1973, puis dans le roman Le Samoura virtuel de Neal Stephenson, publié en 1992, qui a inventé le terme “métavers” (aller plus loin).
Le métavers doit être considéré comme un ensemble de mondes en ligne qui crée de l’interconnexion et du lien social. Il est donc envisageable de créer une économie dans laquelle les utilisateurs de cryptomonnaie peuvent naviguer entre ces nombreux mondes virtuels, posséder des objets via la NFT et effectuer des transactions en cryptomonnaie, grâce à la technologie blockchain. Tout un chacun peut être propriétaire d’une certaine parcelle de terrain dans un monde virtuel.
Afin de mieux comprendre la particularité des Métavers et ce qui les distingue de la Réalité augmentée ou de la Réalité virtuelle, nous vous invitons à lire nos découvertes au Salon Virtuality à Paris.
- C) Les Trading cards game
Utilisez des cartes qui ont été spécialement conçues pour être utilisées dans un ou plusieurs jeux. Ils se distinguent des jeux de cartes traditionnels, (pour la plupart “collectibles” avant tout) en offrant un large éventail de cartes et en permettant aux joueurs de créer leurs propres paquets. Les effets des cartes sur le jeu sont souvent très variés.
Une carte est souvent accompagnée d’un design de (très) grande qualité (qui contribue à l’attractivité du produit ; certains artistes doivent une partie de leur notoriété à leur travail sur ces jeux) et d’explications décrivant l’effet de la carte. Le jeu se déroule souvent dans un univers fictif cohérent avec le personnage ou la figure qu’il incarne, qu’il s’agisse de fantasy, de science-fiction ou autre ; il est parfois basé sur des univers connus, comme ceux des romans.
D) les Utilitaires ou communautaires
Un jeton utilitaire, est un type spécial de jeton qui aide à la capitalisation ou au financement de projets pour des startups, des entreprises ou des groupes de développement de projets.
L’achat de ces jetons “utiles” (des NFTs qui prennent souvent la forme de mème ou de personnages) peut se faire dans diverses cryptomonnaies (cela dépend de la cryptomonnaie de la société/entité qui les propose), y compris les monnaies fiduciaires.
Les personnes intéressées par le projet paient pour bénéficier de services et/ou des avantages qu’elles souhaitent, et ceux-ci leur sont remis. L’attribution des services et avantages achetés est dirigée vers une adresse e-mail sous le contrôle de l’acheteur. En conséquence, l’acheteur reçoit son NFT, qui peut être utilisé à l’avenir pour avoir accès aux services du projet en développement.
Dans la plupart des cas, l’achat de jetons d’utilité dans le cadre d’un projet réussi permet à l’acheteur de réaliser un bénéfice (pécuniaire ou en nature).
E) Les applications dans le domaine artistique
C’est la représentation d’une œuvre d’un artiste sur internet, qu’elle existe ou non de manière physique, sous la forme d’un objet numérique infalsifiable et dont l’authenticité est garantie et les caractéristiques connues. Selon Gauthier Zuppinger, cofondateur de la plateforme d’analyse de marché NonFungible.com, des “créations à vocation artistique dont au moins une partie de l’œuvre existe sous une forme numérique sur une blockchain”, a culminé à 2 542 028 317 dollars précisément le 31 décembre 2021.
De plus, ces chiffres constituent une première estimation pour la blockchain Ethereum. Il faut inclure dans le nombre de ventes de crypto-art sur d’autres blockchains, ainsi que les volumes de ventes des maisons de vente aux enchères comme Sotheby’s (100 millions de dollars), Christie’s (150 millions de dollars), et Phillips (6,19 millions de dollars), précise ce dernier.
- Comment fonctionne l’achat d’un NFT artistique ?
Un collectionneur/investisseur qui souhaite acquérir un NFT d’art doit installer un crypto wallet (portefeuille crypto) sur son ordinateur ou son smartphone et y convertir des euros en cryptomonnaie (Ethereum) pour réaliser son achat. Ou bien, acheter directement son NFT artistique sur une plateforme avec sa carte de crédit lorsque cette dernière le permet (comme OpenSea).
F) Les applications dans l’immobilier
Les agents immobiliers virtuels ne sont pas si différents des agents immobiliers physiques, à la différence près que l’on ne peut pas vivre “physiquement” dans une maison du métavers.
Les gens sont affectés aux mêmes activités dans les mondes virtuels comme Decentraland que dans le monde réel. Ils décorent leur maison avec des œuvres d’art, sortent avec leurs amis, visitent des galeries d’art et des musées, et assistent à des événements, par exemple. Les gens ont des avatars qui leur ressemblent beaucoup, même s’ils sont parfois un peu améliorés.
De plus, les NFT pourraient renforcer l’efficience du secteur de l’immobilier. En effet, l’acte de propriété reçu par l’acheteur et la confiance tout au long du processus d’acquisition sont cruciales lors du processus d’acquisition. Le premier permettant d’attester de la possession du bien et le second point (la confiance), d’assurer la bonne marche du processus. Or, les interventions humaines tout du long laisse la place aux incertitudes et aux failles de sécurité même si la procédure est tout de même fiable et encadré.
- Existe-t-il un moyen d’investir dans l’immobilier virtuel ?
Il est facile d’imaginer qu’à l’avenir, les actes de propriété pourraient également être stockés sur une blockchain et que nous n’aurions plus besoin de faire appel à des parties humaines dignes de confiance comme les notaires. Cela laisserait la place à une tierce partie de confiance informatique : un Smart contrat qui n’est ni sujet à l’erreur et à la corruption – contrairement aux humains.
Loin de remplacer le métier de Notaire, le recours aux NFTs permettrait tout simplement d’apporter plus de fiabilité et garantir l’authenticité des actes de propriété. Le notaire alors chargé d’assurer la bonne marche des opérations en entrant les informations dans la blockchain par exemple tout en s’assurant, que toutes les informations des parties prenantes sont correctes et bien enregistrées dans la blockchain.
Par ailleurs, il serait intéressant d’avoir des univers virtuels avec des avatars sous forme de NFTs représentants les parties prenantes, dédiés à la visite d’appartement, afin de favoriser la prise de décision.
C’est d’ailleurs, le pari prit par les Agences de Papa qui préparent leur arrivée dans le métavers. Afin de lever des fonds pour financer la réalisation de son projet, les Agences de Papa auront recours à une ICO (une collecte de fonds en cryptomonnaie) qui s’articulera en plusieurs étapes jusqu’au 15 septembre 2022 et une pré-vente qui a débuté le 15 avril 2022, et un premier “tour de table” du 15 mai – 15 juin 2022.
Vers une régulation des NFT
Il faut savoir que les États et entreprises disposent d’un droit de contrôles sur les actifs numériques.
Cette notion d’actif numérique est définie à l’article L. 54-10-1 du Code monétaire et financier comme « toute représentation numérique d’une valeur qui n’est pas émise ou garantie par une banque centrale ou par une autorité publique, qui n’est pas nécessairement attachée à une monnaie ayant cours légal et qui ne possède pas le statut juridique d’une monnaie, mais qui est acceptée par des personnes physiques ou morales comme un moyen d’échange et qui peut être transférée, stockée ou échangée électroniquement ».
Cette définition montre bien que les NFT n’entrent pas dans cette catégorisation. Dans une économie “blockchainisé”, les NFT ont des propriétés distinctes qui permettent sa singularité et notamment son essor.
- Le statut juridique des NFTs
L’intégration des NFT dans la blockchain présente plusieurs avantages, notamment la sécurité, l’intégrité, la traçabilité, la transférabilité et la programmabilité (J. Le Guen, Tokenization and Crypto-Assets : Réalité et enjeux de qualification, op. cit.).
En ce sens, le monde virtuel et les sociétés actuelles auront un conflit d’intérêt, notamment en termes de propriété intellectuelle et de fiscalité, car un statut juridique est important en cas litiges. En conséquence, le règlement MiCA, promet d‘uniformiser la réglementation des crypto-acteurs au niveau européen avec malheureusement des propositions pas encore précisés concernant les NFTs qui sont considérés comme des crypto-actifs.
Par ailleurs, les acteurs français se heurtent à une concurrence inégale qui favorise les acteurs étrangers opérant hors de l’Union européenne, ainsi que les acteurs européens (non-français) concernant les projets crypto, projets NFT inclus.
Le règlement MiCA devrait néanmoins dynamiser l’industrie de la crypto en Europe. « La proposition actuelle fait partie d’une série de mesures relatives à la finance numérique visant à libérer et à renforcer davantage le potentiel que cette dernière à offrir en termes d’innovation et de concurrence tout en limitant les risques » (en savoir plus).
A contrario, aux Royaume Unis, grâce à un arrêt rendu la semaine du 18 avril 2022, les NFT sont désormais considérés comme des biens et les victimes de vol peuvent désormais faire geler leurs avoirs volés par décision de justice. Cette décision intervient après des mois de vols répétés, orchestrés par des pirates informatiques avisés ayant exploité des failles et une faible sensibilisation à la sécurité pour s’emparer de NFT à grande échelle.
Un peu avant cette décision de la Haute Cour du Royaume-Uni, le Bored Ape Yacht Club a été victime d’un piratage massif qui a entraîné la perte de biens virtuels d’une valeur estimée à 3 millions de dollars.
Jusqu’à cet évènement, en raison de la nature non réglementée et de la décentralisation, les victimes n’avaient aucun recours face à ces vols.
Le chemin est encore long.
Un article rédigé conjointement avec Floyd Mahou, rédactrice en chef de L’Éclairage Crypto Magazine
