L’engouement des Etats Africains autour du développement de monnaies numériques de banques centrales (CBDC ou MNBC) est réel. Et le Rwanda veut bien contribuer à cette évolution. Cependant, malgré la volonté affichée par la BNR (Banque Nationale du Rwanda), l’institution ne compte pas lancer le projet sans évaluer les risques qui accompagnent une telle initiative.
Une enquête préliminaire en cours
La Banque Nationale Rwandaise (BNR) mène depuis quelques mois une étude sur les avantages et risques liés au développement d’une monnaie numérique de banque centrale (MNBC) dont les résultats seront connus à la fin de cette année. Selon Soraya Hakuziyaremye, la vice-gouverneure de la BNR, citée par le New Times, la décision d’émettre une monnaie numérique de banque centrale dépendra des résultats de cette étude.
«Nous sommes maintenant dans une phase d’enquête. Nous analysons quels pourraient être les avantages pour les Rwandais d’avoir une CBDC, mais aussi les risques non seulement pour notre économie mais aussi pour le secteur en fonction de la forme de monnaie numérique que nous émettrions », a expliqué Soraya Hakuziyaremye.
En lançant des études sur les implications de la monnaie numérique de banque centrale sur l’économie locale, le Rwanda rejoint un certain nombre de pays africains qui s’intéressent aux CBDC depuis quelques temps. En effet, après le lancement du eNaira, la monnaie numérique émise par la Central Bank of Nigéria, plusieurs autres pays comme le Zimbabwe, le Kenya, l’Ouganda ou encore la Tanzanie ont entamé des études ou consultations sur le sujet. Il est de ce fait fort probable que cette année, au moins une autre nation africaine lance sa monnaie numérique.
Une CBDC, la solution ultime pour l’inclusion financière ?
Si les États africains s’empressent à envisager le développement des monnaies numériques de banque centrale, c’est parce qu’ils estiment, pour la plupart, que ces derniers ont le potentiel de renforcer l’inclusion financière sur le continent. En effet, seule une petite partie de la population africaine a accès aux services bancaires.
C’est surtout ce potentiel présumé que l’étude menée actuellement par la banque centrale du Rwanda devrait déterminer.
“Ce qui est important, c’est d’examiner l’inclusion financière, car si vous émettez une monnaie numérique, vous ne devriez pas exclure votre population, cela doit aller avec la réduction de la fracture numérique et en veillant à ce que les gens aient la possibilité de l’utiliser.“; a notamment expliqué Soraya Hakuziyaremye.
Ce que craint la vice-gouverneure de la Banque centrale Rwandaise au sujet de l’inclusion financière que pourrait apporter une CBDC est arrivé au Nigéria au lancement du eNaira. En effet, Jack Ree, économiste au département Afrique du Fond Monétaire International (FMI) avait révélé en novembre dernier que « le portefeuille eNaira n’est fourni qu’aux personnes ayant des comptes bancaires », excluant automatiquement 38 millions de personnes adultes, soit 36% de la population nigériane, n’ayant pas un compte bancaire.
Les CBDC posent d’autres problèmes comme la garantie de vie privée pour les utilisateurs et la probabilité d’être utilisé comme outil de censure politique. Mais aussi, bien qu’elles pourraient rendre les transactions financières plus rapides, les MNBC gardent plusieurs caractéristiques propres à la monnaie fiduciaire.
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