Dans un communiqué officiel, la Banque Centrale Ukrainienne a annoncé que ses citoyens ne pouvaient désormais acheter des cryptomonnaies qu’en utilisant des devises étrangères pour une valeur allant jusqu’à 100 000 Hryvnia ukrainienne, soit 3 130 euros ou encore, 3 400 dollars par mois.
Afin que cela contribue à stopper la fuite des capitaux et que ces changements permettent une amélioration sur le marché des changes (devises) : une condition préalable nécessaire à un nouvel assouplissement des restrictions, ainsi qu’à réduire la pression sur les réserves internationales de l’Ukraine.
En effet, depuis la début de la guerre en Ukraine et l’exode de millions de personnes qui s’en ait suivi, l’Ukraine fait face à une fuite de capitaux, causée par la paralysie de son système économique et bancaire avec la guerre. Cette fuite de capitaux s’est accentuée depuis mars :
“Le volume des transferts nets de devises par les banques ukrainiennes en faveur des systèmes de paiement internationaux s’est élevé à 1,7 milliard de dollars.”
La Banque Nationale Ukrainienne
Ainsi, “Les particuliers pourront acheter des actifs directement convertibles (échangés) en espèces et appartenant à des transactions en quasi-espèces, en utilisant uniquement leur propre devise étrangère.”
La Banque Nationale Ukrainienne
Une décision a priori provisoire
Les fuites de capitaux ont des conséquences négatives sur les États et en l’occurrence sur l’Ukraine, car elle implique une perte de réserves dans le pays et encourage la dépréciation de sa monnaie. Dans le contexte de guerre, la fuite de capitaux accentue alors la perte de richesse du pays, mais n’a pas encore de réels effets sur la valeur de l’Hryvnia si l’on compare l’évolution de la devise avec l’Euro. En effet, depuis l’invasion de la Russie en Ukraine, le 24 février 2022, nous pouvons constater sur le graphique ci-dessous, une forte réaction du marché des devises au lendemain de la guerre qui s’est corrigé 3 semaines après le début du conflit et reste relativement stable au vu des circonstances.
En revanche, le prix du blé a fortement augmenté avec le conflit, la Russie assurant 30% des exportations. Il a franchi la barre des 400 euros la tonne, un tarif qui a doublé en un an (source).
La mesure prise par l’Ukraine est préventive et ne s’applique pas à l’utilisation de cartes de paiement à l’étranger et en Ukraine pour les paiements destinés à payer des biens, des travaux et des services pouvant être effectués sans restrictions. Par ailleurs, le pays reste pro crypto : la loi légalisant les actifs numériques sur son territoire est toujours en vigueur.
Dans cette paralysie économique, la cryptomonnaie à su s’imposer comme un moyen alternatif aux échanges et constituer un outil de soutien à la population Ukrainienne.
Le gouvernement et les organisations de soutien contre l’invasion russe ont récolté plus de 52 millions de dollars en cryptomonnaies dont près des 3/4 proviennent du Bitcoin et de l’Ether (en savoir plus).
En outre, la vente du NFT Coffin Dance ou “les danseurs avec cercueil” pour un peu moins de 1,05 million de dollars (327 ETH) effectuée par le ghanéen Benjamin Aidoo et son équipe, en collaboration avec Matthew “DigiNeko” Ordrick a permis à l’organisation non gouvernementale et à but non lucratif ukrainienne, BackAndLive (Return Alive Foundation) de récolter 250 000 dollars pour soutenir les familles endeuillées (en savoir plus).
Au vu de ces éléments, on peut supposer que cette décision est transitoire, néanmoins, la non-application effective de cette résolution par des comportements de détournement et le contexte de guerre pourraient amener l’Ukraine à prolonger cette restriction, voire à aller plus loin dans ses restrictions si la situation économie et politique se dégrade.