Après l’adoption du Bitcoin par le Salvador, de nombreux pays d’Amérique latine et d’Afrique étudient la question de l’adoption du Bitcoin a des fins économiques. Ces pays évoluent dans un système monétaire désavantageux, qui ne les épargne pas en temps de crise. C’est le cas du Zimbabwe.
Le Zimbabwe face à la récession
Avant la crise sanitaire, l’économie du Zimbabwe connaissait déjà une récession en 2009 avec une baisse de son PIB de 6 %. Actuellement, la chute de sa production est liée à plusieurs facteurs économiques : à la suppression des subventions sur les matières premières (farine et maïs), à la baisse des revenus en devises avec parallèlement, une instabilité des prix des combustibles et de l’électricité et une création monétaire excessive face à des taux de changes instables. En 2020, la crise sanitaire et des sécheresses prolongées ont entraînées une baisse de 10 % du PIB réel (sans inflation). L’inflation s’est envolée, avoisinant 622,8 % en 2020, contre 226,9 % en 2019, soit un taux de croissance de 395,9 points de pourcentages.
Pour endiguer cette récession, le gouvernement a mis en place un certain nombre de réformes, mais celles-ci restent insuffisantes
En 2019, le gouvernement a interdit les monnaies étrangères comme moyen d’échange notamment le dollar américain, largement utilisé. Ainsi, le 24 juin 2019, les transactions commerciales en devises étrangères sont interdites au Zimbabwe. Le dollar US n’est donc plus la monnaie d’échange officielle du pays, remplacée par la monnaie nationale : le dollar Zimbabwéen (appelé BOND ou RTGS Dollar). Des réformes des opérations de change ont été introduites en juin 2020, ce qui a freiné l’inflation (importante) qui était à un taux annuel de 838 % en juillet 2020.
Bien que des réformes aient été menées, le chemin reste loin. En effet, le déficit budgétaire et la balance courante se sont également redressés après le mois de juillet, mais se sont tous deux détériorés sur l’ensemble de l’année, conduisant à un déficit budgétaire de 2,7 % en 2019 à 2,9 % en 2020. De plus, alors que le pays a un niveau critique des réserves de change, il fait face à un niveau d’endettement élevé. Selon un rapport sur les prévisions de la Banque Africaine du Développement, une reprise modeste est attendue en 2021, si des mesures efficaces sont prises pour stabiliser le taux de change et éviter une création monétaire excessive.
Le bitcoin une alternative en faveur de la reprise économique
Le Zimbabwe doit agir sur tous les fronts pour se sortir de la crise.
L’une des raisons qui ont poussé le Salvador à adopter le Bitcoin est la part importante des fonds reçue de l’étranger. En 2020, les transferts de fonds représentent 23 % du PIB au Salvador. Il n’est que de 7 % au Zimbabwe. Mais au vu des frais importants (environs 10 % des montants) et des délais d’envoi (un jour ouvré) proposés par les intermédiaires, le Bitcoin en tant que moyen de paiement se révèle être une bonne alternative pour en favoriser la dynamique. Il permettrait l’envoi d’argent de manière quasi instantané, sans passer par des taux de changes et à moindres frais. Par ailleurs, le Bitcoin est un bon outil contre l’inflation. Or l’inflation est très élevée au Zimbabwe : elle est de 622,8 % environ en 2020, contre 226,9 % en 2019. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’Argentine envisageait aussi d’adopter le Bitcoin comme monnaie nationale.
Ainsi, durant un sommet sur les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) de la Computer Society of Zimbabwe (CSZ) qui s’est déroulé du 3 au 6 novembre, Charles Wekwete, le secrétaire permanent et chef de l’unité de technologie et du numérique du gouvernement au bureau de la présidence a déclaré que des études sont d’ores et déjà en cours pour une adoption (ou non) du Bitcoin comme monnaie nationale.
Le secrétaire du gouvernement émet cependant quelques réserves quant à son adoption
« Nous essayions de comprendre leur implication, car ils s’écartent fondamentalement des instruments financiers connus auparavant et il y a beaucoup de craintes. Sur les mouvements transfrontaliers de fonds, le blanchiment d’argent, l’externalisation de fonds et les flux illicites de fonds pour financer des émissions illicites” a-t-il déclaré. Mais reste ouvert à une collaboration avec les acteurs privés pour évaluer sa pertinence et pourquoi pas proposer des réformes politiques en faveur de son adoption.
Affaire à suivre.