Le Gouvernement d’Unité Nationale (NUG) du Myanmar (ou Birmanie) en exil après le coup d’État orchestré par la Junte a décidé de convertir l’intégralité de sa monnaie en Tether (USDT).
Ce gouvernement rassemble divers petits partis, des groupes d’insurgé, de minorité ethniques et des représentants de la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND) ; qui était anciennement dirigé par Aung San Suu Kyi, leader naturel, alors au pouvoir avec son parti jusqu’à ce coup d’État du 1er février 2021.
De février 2021 à août 2021, des affrontements violents entre la population contestataire et le gouvernement autoproclamé avaient alors fait de nombreux blessés et des centaines de morts.
En septembre 2021, le NUG a lancé une « guerre défensive » et une révolution nationale contre la junte militaire. À la même date, le NUG établi des bureaux diplomatiques aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France, en République tchèque, en Australie et en Corée du Sud. Ces bureaux sont tous, non accrédités jusqu’à ce jour par l’ONU.
Sur le plan international, la Chine et la Russie ne se prononcent pas sur le sujet tandis que les pays Européen et d’autres pays de la scène internationale fustigent ces agissements, mais n’ont pas encore posé d’actes concrets.
Aujourd’hui, alors que la répression et les contestations continuent, le NUG décide d’adopter l’USDT comme monnaie officielle pour financer leurs opérations au vu de la situation économique qui est de fait, affaiblie.
C’est un pari risqué lorsque l’on sait que le stablecoin a déjà été condamné et qu’actuellement, la société est sous le coup d’une plainte.
Tandis que l’État autoritaire autoproclamé est contesté par la population Birmane, le stablecoin adopté par la résistance l’est tout autant (mais différemment).
Un gouvernement en place contesté
Quelques jours après le coup d’État, Aung San Suu Kyi a été condamnée à quatre ans de prison. Le général de la Junte, Min Aung Hlaing, a annoncé publiquement “une amnistie partielle”, ramenant la peine de prison à deux ans. L’ex-présidente birmane âgée de 76 ans est actuellement détenue dans un lieu inconnu depuis le coup d’État du 1er février. Elle avait été accusée “d’incitation à des troubles publics et de violation des règles sanitaires liées à la Covid-19”. D’autres charges pesaient sur l’ex-présidente. Elle encourait jusqu’à cent ans de prison (source : Le Monde). L’issue d’un procès pour ces charges d’accusation devait être rendue public, le 14 décembre 2021, date à laquelle cette annonce a été faite.
Lorsque la Junte a pris le pouvoir, le canal télévisuel a été coupé et les réseaux sociaux interdits. Toutefois, cela n’a pas empêché l’insurrection.
Jusqu’à septembre 2021, les nombreuses manifestations qui ont eu lieu ont été sévèrement réprimées par les militaires. Une grande partie de la population, portée essentiellement par la jeunesse Birmane, s’est insurgée.
La population mène des luttes contre le pouvoir en place et la répression exercée par les militaires, comme en témoigne un reportage réalisé par ARTE Reportage, et cela n’est pas près de s’arrêter.
D’après l’intervention de Sophie BOISSEAU du ROCHER, (chercheur à l’Institut Français des Relations Internationale, spécialiste des relations Chine / Asie du Sud-Est (ASEAN) et leurs impacts sur les équilibres globaux) pour France Inter, nous pouvons dire qu’aujourd’hui, la jeunesse est plongée dans une guerre civile, une guerre de lutte contre l’État autoproclamé.
Concernant Tether, une plainte a été déposée par deux personnes auprès du tribunal de district du sud de New York (source :Decrypt). Un recours collectif déclarant que les pratiques de l’entreprise sont « immorales, contraires à l’éthique, oppressives et sans scrupule » ont été faites. La société a immédiatement démenti et qualifie cet acte de fallacieux.
Tether enregistre déjà des cas de non-conformité
En 2020, la société a été condamnée à deux reprises.
La première fois, un montant de 18,5 millions de dollars avait été demandé par l’État de New York, car la société n’avait pas suffisamment de liquidités en dollars qui garantissent les Tethers en circulation.
Aux États-Unis, la loi exige que les sociétés détiennent pour chaque stablecoin adossé au dollar, l’équivalent en liquidité (en dollars) pour assurer la parité, or ce n’était pas le cas pour Tether.
Plus récemment, la Commodity Futures Trading Commission (CFTC), une autorité de régulation indépendante avait donné une amende de 41 millions de dollars à Tether. L’autorité chargée de protéger les investisseurs contre les manipulations de cours, les fraudes ou les pratiques illicites sur les marchés OTC et marchés à terme avait jugé que la société était à risque, car elle ne détenait pas assez de garanties fiduciaire.
Aujourd’hui, la réserve de la société peut être considérée en conformité avec les exigences de garantie, mais la réserve est constituée de seulement de 10 % d’espèces et de dépôts bancaires. L’autre partie est relativement moins liquide, car elle est placée/investie sur le marché monétaire (source : Decrypt).
Il n’en reste pas moins que Tether est un jeton stable. Le stablecoin est souvent utilisé pour se prémunir contre les risques liés à la variation du cours du Bitcoin.
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