La technologie Blockchain est une technologie de rupture. En effet, elle matérialise dans les faits la séparation entre la monnaie et l’état, l’information et l’état, la propriété et l’état. C’est une nouvelle législation qui se construit autour de la culture Crypto, à travers la certification des informations, l’incensurabilité de celles ci, la transparence et la décentralisation du pouvoir. Les 5 pouvoirs sont en jeux : législatif, exécutif, judiciaire, médiatique et enfin monétaire, mais on va y revenir.
Les Crypto-Nations, à l’inverse de la Nation-Crypto, pourraient être les nouvelles formes d’organisations (de volontés de vivre ensemble) qui pourraient apparaître dans les 10 à 30 prochaines années. Une tentative des gouvernements pourrait être de converger vers une Nation-Crypto qui aurait pour but de centraliser, uniformiser et globaliser les échanges, les monnaies (pour exemple des CBDC ou les cryptomonnaies de banques centrales). De mon point de vue, il est plus probable que différents intérêts, différentes sociétés ou différents regroupements se constituent autour de leurs propres monnaies et des DAO (Organisations décentralisées Autonomes) créant ainsi la base d’une Crypto-Nation.
Un DAO est une entité fonctionnant grâce à un programme informatique, des scripts, qui fournit des règles de gouvernance automatisées à une communauté pouvant interagir à travers des contrats s’exécutants automatiquement. Les membres de la DAO se retrouveront alors virtuellement dans un Metavers pour débattre, travailler, se distraire. D’ailleurs, un metavers est un meta-univers, un monde parallèle virtuel et/ou artificiel où la propriété existe dans ces univers grâce aux NFT, basé sur une blockchain.
Les metavers pourraient permettre le regroupement et une nouvelle place d’expression pour les gens. Inutile de vous préciser que les metavers privés pourront censurer certains utilisateurs. Dès lors de nombreuses initiatives tendent à créer des metavers transparents, incensurables.
Oui c’est compliqué.
En somme, je pense que les Crypto-Nations, de par l’usage et les valeurs que nous avons de ces nouveaux outils, seront les formes d’organisations futures.
Je prendrai comme référence le Bitcoin qui, aujourd’hui, est le représentant de cet avènement technologique comparable à l’écriture par rapport à la peinture pour la Blockchain et internet en terme de bouleversement d’usage technologique.
Et oui, l’écriture est arrivée, il y a près de 5000 ans en premier lieu pour des raisons comptables, matérialisée par le sceau qui indiquait le contenu des amphores dans les échanges commerciaux. L’écriture est arrivée des dizaines de milliers d’années après les premières peintures rupestres et c’est là qu’il faut introduire la notion exponentielle, une courbe avec une accélération qui augmente de manière continue et très rapide. Près de 40 000 ans entre les premiers dessins et l’écriture et environ 100 ans pour l’informatique et internet puis la Blockchain. Il est facile d’observer que cette évolution exponentielle sur l’aspect technologique est en accélération constante depuis l’apparition des premières civilisations.
La Blockchain est une technologie de décentralisation de l’information. Le bitcoin est simplement la première manifestation de son expression. Et comme beaucoup l’auront remarqué, il reste le seul représentant viable de cette nouvelle technologie (réellement décentralisée, non faussée car non pré-minée et une évolution naturelle et non induite par les marchés, transparente et les évolution se font par le consensus). Et donc qu’est-ce qui fait que bitcoin est ce qu’il est ?
Bitcoin contrairement à ce que l’on peut penser n’est pas figé, il est évolutif mais son évolution est lente, ordonnée et adoptée par un consensus réel. La simplicité de son usage, l’anonymat du fondateur, la transparence du registre et son économie. Il ne serait pas étonnant que Bitcoin devient l’étalon de la valeur du monde et que Satoshi Nakamoto devienne par la même occasion un prophète pour une quelconque religion dans 500 ou 1000 ans.
Pour revenir sur les pouvoirs, on en connaît 3 types traditionnel ; l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Deux sont avérés aujourd’hui, le médiatique et le monétaire et la monnaie a une dimension médiatique (qui contient et permet de transmettre une information). La dimension médiatique se retrouve par le biais du prix notamment sur un produit échangé ou un service vendu dans un marché libre et stable sur le plan monétaire, judiciaire et législatif (quantité de monnaie stable, justice indépendante et une stabilité des temps minimum de mise en place à chaque réforme), ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Sachant que nos élites et nos états ont clairement démissionnés au vue de leurs politiques, comment vont-ils résister à cet avènement économicopolitique ?
Ce n’est pas le bitcoin qui va s’adapter aux nations, mais les nations qui vont s’adapter au bitcoin. Cela est dû à sa rigidité, sa culture et la radicalité des développeurs, économistes, investisseurs et autres adeptes. La détermination et la volonté de vivre ensemble pour toutes les personnes possédant des bitcoins pourraient faire voir le jour à une nouvelle forme de nation, la « Bitcoin Nation». Et donc quelles conséquences ? Quel socle économique et physique cela devrait engendrer ? Quelles conséquences sur nos modes de vie, nos coutumes, nos usages ? Comment les états vont se défendre ? Et les consortiums privés ?
Le BTC a un plus haut à 69 000$ et un plus bas à 29600$ en 2021. Combien font 100 000 bitcoins ? Entre 6,9 milliard et 2,96 milliard en 2021. On est loin des 120 000 milliards de dollars de PIB Mondial Et 550 000 milliards de la sphère financière. Au passage le shadow banking c’est 11 000 milliard par an et le bitcoin ne représente que 0,015%. Mais par où passe cette sphère financière sombre et douteuse ? Les banques classiques et en tête la deutsche bank et BNP Paribas. La sphère crypto conquière tous les jours des micros parts de marché tant dans la sphère économique que financière. On citera comme institutionnels très impliqués dans le bitcoin et possédant des centaines de milliers de BTC :
- MicroStrategy
- Grayscale Bitcoin Trust
- Le gouvernement chinois
- Block.one
- Le gouvernement des États Unis
- Celsius
- Tesla
Dans un autre registre il y a des états comme le Salvador ayant fait All In sur le bitcoin. Ce qui les positionne en plus gros porteur de risques mais avec un potentiel de disruption, d’innovation ou d’investissements considérable. Sur le plan légal, le bitcoin n’est plus un sujet car encadré maintenant dans un très grand nombre de pays. Dès lors, peut-on déjà parler de constitution de futures Crypto-Nations ?
Bitcoin est un étalon de valeur plus fiable, transparent, et facile d’usage que l’or. Friedrich Hayek disait que l’on aurait pas de bonne monnaie tant que nous la retirerons pas des mains des gouvernements. Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument. Bitcoin est cette première forme de monnaie échappant aux gouvernements. Dès lors cet outil laïque permettra de séparer le pouvoir monétaire de l’état. Il redonne une valeur aux choses de la vie et deviendra cet étalon de valeur qu’il nous manquait à nos sociétés pour s’organiser harmonieusement et se remettre à se projeter sur les temps longs, à l’inverse de notre économie et ses dirigeants qui malheureusement sont en train de détruire nos instruments d’arbitrage. Notamment les taux d’intérêt, les taux de changes ou la vélocité des monnaies. Mais ont-ils vraiment le choix ?
Comment se dire, à la vue de l’ambiance générale, que des Crypto-Nations ne puissent se constituer ? Le bitcoin sera t-il constituant de certaines de ces Crypto-Nations ? Constat ridicule, dangereux ou évident ?
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Rédigé par
Matthieu Chassagne Blockchain, Bitcoin & cryptocurrencies enthusiast – accompagnateur dans le secteur de la Blockchain depuis presque trois ans et passionné d’économie, de nouvelles technologies et de philosophie.
Contact : Matthieu@AMCConsults.com
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