« L’idée d’un grand cahier informatique, partagé, infalsifiable et indestructible du fait même de sa conception est au cœur d’une nouvelle révolution, celle de la blockchain. »
Jean-Paul Delahaye, chercheur au centre de recherche en informatique, signal et automatique de Lille (CRISTAL)
Parfois, la compréhension des mécanismes et du bitcoin peuvent être difficiles de prime abord. Dans cet article, nous vous proposons de laisser de côté les notions complexes et de revenir à l’essentiel pour une meilleure compréhension du Bitcoin : l’une des technologies les plus innovantes du 21ᵉ siècle.
Qu’est-ce que le Bitcoin ?
Le Bitcoin est un actif numérique créé par une personne non identifiée, connue sous le pseudonyme, Satoshi Nakamoto, pour fonctionner comme une monnaie. En 2008, Satoshi Nakamoto rédige un livre blanc décrivant le fonctionnement de Bitcoin et 7 mois plus tard, cette invention révolutionnaire sera développée par Hal Finney, connu pour ces travaux dans la cryptographie (décédé en 2014).
Le Bitcoin est la première solution développée pour répondre aux problèmes de complexité, de vulnérabilité, d’inefficacité et de coût des systèmes de transactions existants.
Le Bitcoin est-il une monnaie ?
De manière générale, le Bitcoin fait débat, notamment au vu de son aspect spéculatif et incertain. Sa capitalisation boursière ne cesse d’augmenter depuis sa création, on est passé de quelques centimes en 2009 à plus de 40 000 dollars aujourd’hui (à l’heure où sont écrites ces lignes). Les investisseurs amateurs ou peu habitués à ce marché se font souvent surprendre pas la hausse ou la baisse brutale du cours.
La crise économique et sanitaire de la Covid-19 était une période où de nombreuses escroqueries « sophistiquées » ont vu le jours. C’est d’ailleurs en ce sens que l’Autorités des Marchés Financiers (AMF) met en garde contre les arnaques et fraudes devenues fréquentes. L’évolution croissante, notamment en cette période difficile à l’échelle internationale, amène certains à dire que c’est une chaine déguisée de « Ponzi » ou un actif hautement spéculatif et donc volatil, le bitcoin faisant partie des 5 cryptomonnaies les plus capitalisées. Il faut dire que la hausse de valeur ainsi que les fluctuations présentent sur le marché est sans de précédent.
De nombreuses polémiques autour de la notion de Bitcoin en tant que monnaie
Son statut monétaire fait débat, notamment lorsqu’il est question de comparer ses propriétés avec les fonctions que l’on prête à la monnaie. En effet, une monnaie doit répondre à 3 fonctions principales : être un « instrument d’échange » (de paiement) ; une « unité de compte » (de mesure de valeur) des biens et services et être un « instrument de réserve de la valeur ». Le consensus n’est pas encore réellement trouvé même si, tout le monde s’accorde pour dire que Bitcoin est au moins un instrument d’échange.
Généralement, Bitcoin est défini différemment. Selon The Economist en janvier 2015 par exemple : les bitcoins « sont difficiles à gagner, en offre limitée et facile à vérifier ».
Avec la légalisation du bitcoin au Salvador comme monnaie légale en 2021, on est entré dans un autre paradigme qui place Bitcoin comme une monnaie à part entière. Cette légalisation est pour le moins une révolution historique qui n’est pas vue d’un bon œil par tous, notamment des institutions internationales comme le Fonds monétaire international (FMI) pour qui cette initiative comporte des risques et pourrait causer du tort à l’intégrité du système économique Salvadorien et à la stabilité financière du pays.
Pour aller plus loin : Le Bitcoin est-il une monnaie ?
Les débuts de la blockchain
Stuart Haber et W. Scott Stornetta ont mentionné la blockchain pour la première fois en 1991. Ces deux mathématiciens voulaient développer un système qui permettrait l’horodatage des documents.
On prête les origines théoriques de Bitcoin à l’économiste Friedrich Hayek qui dénonce en 1984 la centralisation monétaire entre les mains de l’État. Il disait à l’époque : « Je ne crois pas au retour d’une monnaie saine tant que nous n’aurons pas retiré la monnaie des mains de l’État ; nous ne pouvons pas le faire violemment ; tout ce que nous pouvons faire, c’est, par quelque moyen indirect et rusé, introduire quelque chose qu’il ne peut pas stopper ».
L’article précurseur de Satoshi Nakamoto a été le point de départ de l’invention de Bitcoin grâce auquel la problématique de la double dépense a été résolue dans le numérique.
Son fonctionnement
La technologie blockchain est un mécanisme basé sur la confiance des consensus. C’est un système de paiement électronique pour lequel sa propre monnaie, également appelée Bitcoin, est intégrée nativement.
De manière générale, la blockchain est une méthode de stockage et de transmission de données qui ne nécessite pas la présence d’un organe de contrôle.
Une transaction cryptographique utilise le mécanisme de l’asymétrie. Ce mécanisme est utilisé pour la première fois par Diffie et Hellman en 1976, et actuellement ce procédé perdure et est utilisé par exemple dans la sécurisation des échanges d’informations afin de permettre aux utilisateurs de vérifier la provenance des données et de garantir la confidentialité de ces derniers.
Enfin, une autre manière d’appréhender ses fonctionnements serait de s’appuyer sur la caractéristique de Bitcoin mise en avant pas Pierre Porthaux. Pour l’entrepreneur, le bitcoin repose sur trois ensembles de règles interconnectées qu’il qualifie de “consensus” (à ne pas confondre avec la notion de consensus (de preuve de travail – “Proof-of-Work” / preuve d’enjeu “Proof-of-Stake”) que l’on retrouve également dans le fonctionnement à proprement parler du réseau (pour la validation et création monétaire), nécessaires à un consensus généralisé. Ceci permet de comprendre comment le Bitcoin fonctionne malgré l’inexistence d’un intermédiaire de confiance.
« La blockchain dérive d’une vision de l’homme très particulière : des individus autonomes passent des contrats entre eux. Ils n’ont pas besoin de collectif, de communauté. »
Michel Bauwens, fondateur de la P2P Foundation
La blockchain et l’émergence de nouveaux outils de financement
S’il y a un terme a démystifié en premier, c’est le mot ICO.
Les ICO (Initial Coin Offering) sont des outils de financement parmi les nombreux autres que l’on peut retrouver dans le secteur crypto. Ces outils de collecte de fonds désignent un nouveau mode de financement qui se traduit par l’émission de jeton. C’est une nouvelle forme de levé de fonds (non classique) d’actif numérique que l’on peut comparer à des IPOs (initial Public Offering ou collectes de fonds).
Ils permettent de se libérer des contraintes administratives et financières des levés de fond classiques. Avec ce mode de financement (propre au secteur crypto), l’entreprise pourra ne pas diluer son capital, cette dilution constituant une diminution du pourcentage de participations des associés existants au capital de la société (qui peut être positive dans des cas particuliers). L’ICO permet également de fédérer une communauté autour du projet sans passer par les outils classiques (marketing, publicités., etc.).
Les ICOs ont connu un essor sans précédent en 2017 avec des opérations à plusieurs centaines de millions de dollars. C’est d’ailleurs à ce moment-là que le régulateur s’est intéressé à ces outils issus de la blockchain.
La définition de la Blockchain dans le droit public en France ?
Depuis l’ordonnance d’avril 2017 relative à la création de titres par une société en échange d’un prêt accordé sur une plateforme de crowdfunding, la blockchain dispose d’une définition légale en France. Ce règlement modifie l’article L 223-12 du code monétaire et financier, qui définit désormais la blockchain comme un ” système d’enregistrement électronique partagé permettant d’authentifier les transactions sur des titres spécifiques, destinés à être échangés sur des plateformes de financement participatif : les minibons.” Comme mentionné plus haut, tout le monde s’accorde à lui reconnaitre la qualité d’échange de valeur. C’est ce que nous retrouvons ici notamment à travers cette définition juridique.
Deux notions à retenir concernant la cryptomonnaie Bitcoin
Tout d’abord, il faut savoir que le bitcoin (BTC) n’est pas une monnaie traditionnelle puisque cette cryptomonnaie est dotée de “politiques monétaires” fixées à l’avance.
En effet, ce qui fait sa singularité et pas des moindres, c’est que l’offre de BTC n’est pas illimitée. Elle est plafonnée à 21 millions d’unités à l’initiative de son créateur qui avait énoncé ce point : “La quantité en circulation totale sera de 21 000 000 pièces. Elle sera distribuée aux nœuds du réseau lorsqu’ils créeront des blocs, le montant étant divisé par deux tous les 4 ans.” (Satoshi Nakamoto).
À lire également :
Les fondamentaux de la blockchain
Manuel de survie dans la jungle des poncifs anti-Bitcoin (version longue)
La mise à jour Taproot : de nouvelles fondations pour un nouveau fonctionnement sur le réseau Bitcoin
Le Bitcoin au Salvador, une réelle success story ?