Dans la nuit du 14 juillet, Celsius Network LLC, la société de prêt de cryptomonnaies, basée au New Jersey, aux États-Unis, se déclarait en banqueroute. Aujourd’hui, c’est officiel, le préteur a un déficit de 1,2 milliard de dollars dans son bilan et aurait probablement du mal à rembourser ses clients et ses créanciers.
La cascade de liquidation des plateformes de prêt en cryptos continue de faire couler beaucoup d’encres. La dernière en date qui suscite beaucoup de suspenses est celle de Celsius, qui mène plan d’actions pour la restructuration de ses activités. En effet, plus d’un mois après avoir arrêté les retraits des clients en raison de circonstances de marché difficile, Celsius Network, a déposé une demande de mise en faillite en vertu du chapitre 11 dans le district sud de New York. “La Société et certaines de ses filiales ont déposé des requêtes volontaires en réorganisation en vertu du chapitre 11 du Code des faillites des États-Unis auprès du tribunal des faillites des États-Unis pour le district sud de New York (« le tribunal »)”.
L’écosystème Crypto, un Far West organisé ?
Dans le cadre de cette restructuration, Celsius avait laissé entendre que ses clients seraient remboursés, ou du moins dédommagé grâce à ce plan de restruturation néanmoins, il semblerait que la société ne soit pas en mesure de le faire, Celsius enregistre plus de 1,2 milliards de déficit. Malgré la saisie du tribunal, porté par ledit Chapitre, Celsius ne demeure cependant pas une banque. Elle n’est donc pas soumise aux réglementations strictes comme le sont les institutions dans la finance traditionnelle et ne beneficie pas de la garantie de l’État de 100 000 euros de dédommagement par exemple, comme c’est le cas en Europe.
“En particulier, Celsius a souligné dans ses plaidoiries que les clients ont transféré la propriété des actifs cryptographiques à Celsius, faisant de ces clients des créanciers non garantis. Ce détail peut saper les attentes des clients, qui pensaient déposer leurs actifs dans une structure similaire à une banque traditionnelle ‘’, souligne, Daniel Gwen, associé en restructuration d’entreprise au cabinet d’avocats new yorkais, Ropes & Gray, à CoinDesk
Dans la continuité, David Silver, associé et fondateur du cabinet Silver Miller, en Floride, renchérit et déclare :
“Celsius est le résultat dangereux de ce qui se passe sur un marché non réglementé. Les gens qui pensaient investir dans des investissements à faible risque et avaient retiré leur crypto des investissements à haut risque viennent de perdre une génération de richesse”.
Et selon des documents légaux, Celsius a un passif de 5,5 milliards de dollars, dont 4,7 milliards de dollars sont les avoirs de clients, et seulement 4,3 milliards de dollars d’actifs, dont la plupart sont illiquides. Les clients de la société ont été tenus dans l’ignorance jusqu’à maintenant et seront probablement les plus touchés par la faillite de Celsius, malgré le fait que l’entreprise ai déjà commencé à honorer ses obligations envers ses créanciers institutionnels.
Des clients relayaient au second plan ?
À l’instar de la débâcle de la mythique plateforme d’échange Mt.Gox en 2014, l’échelonnement des remboursements pourraient se faire sur des mois voire des années. Dans le pire sénario, certains clients seront lésés au détriment d’autres créanciers qui seront eux remboursés.
Dans son communiqué du 14 juillet, Celsius avançait vouloir protéger ses clients du pire des scénarios :
“Le dépôt d’aujourd’hui fait suite à la décision difficile mais nécessaire de Celsius le mois dernier de suspendre les retraits, les swaps et les transferts sur sa plateforme pour stabiliser son activité et protéger ses clients. Sans une pause, l’accélération des retraits aurait permis à certains clients – ceux qui ont été les premiers à agir – d’être payés en totalité tout en laissant d’autres attendre que Celsius récupère la valeur des activités de déploiement d’actifs illiquides ou à plus long terme avant de recevoir une récupération.”
Compte tenu de la situation, la classification des créanciers pourrait amortir l’élan de remboursement d’autant que les clients sont considérés comme des ‘’créanciers non garantis‘’, Celsius n’est en aucun cas garant de ses dépositaires et des pertes indépendamment de la gestion des dépôts.
Cependant, dans le cadre de sa dernière réorganisation, Celsius souligne une volonté accrue de fournir à sa communauté une démarche transparente :
‘’Nous avons été encouragés d’apprendre que le syndic américain travaillait rapidement pour former le comité des créanciers, dont la grande majorité seront nos clients. Cela signifie que notre communauté jouera un rôle déterminant dans la négociation du plan de réorganisation que nous soumettrons à l’approbation de la Cours.’’
Dans l’écosystème des cryptomonnaies, la protection des investisseurs demeure une problématique certaine. À travers le monde, notamment en Angleterre, au Japon, aux États-Uni, en Europe, un certain nombre de lois sont proposées pour répondre efficacement à cette crise à caractère systémique qui touche de plein fouet Celsius et d’autres acteurs de la CeFi (Finance centralisée en crypto) comme Three Arrows Capital (3AC) ou encore Voyager.
“En réaction à ce crash (à la faillite de l’UST ((USTC)), le Japon interdit l’émission de stablecoins aux établissements non bancaires, l’Europe prépare un cadre de loi légiférant les stablecoins avec le règlement MiCA, qui prévoit l’obligation pour les émetteurs de détenir des réserves avec une quantité définie de dépôts et les États-Unis veulent aller plus loin dans leur réglementation et préparent un cadre de lois plus spécifique, similaire à l’Europe dans l’intention d’imposer des seuils de liquidité (% de monnaies, % de titres etc.) tandis que le Royaume Uni semblerait se focaliser sur les stablecoins algorithmique. En effet, les banques centrales et gouvernements déjà sceptiques sur la stabilité des stablecoins, ont vu leurs doutes se confirmer et jugent bon de réguler au plus vite ces jetons stables. Les Banques centrales et gouvernement à travers le monde souhaite dorénavant un cadre de loi plus spécifique. Les États-Unis s’inquiétaient déjà depuis 2021 du potentiel risque systémique que pouvaient faire courir les stablecoins. D’après des discussions entre sénateurs américains, les émetteurs pourraient se voir imposer des obligations concernant leurs réserves et une obligation de transparence auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC) ainsi qu’auprès de la Commodity Futures Trading Commission (CFTC). Enfin, en réaction au crash de l’UST, le Royaume Uni, opterait pour un cadre de loi interdisant uniquement les stablecoins algorithmiques, comme l’USTC.” (en savoir plus). Par ailleurs, il y a deux semianes environ, le Trésor américain a proposé des bases commune à l’échelle mondial pour reglementer le secteur. Affaire à suivre