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Ethereum : les bouleversements opérés par la fusion sur la blockchain

by Moussa Coulibaly

La mise à jour tant attendue ¨ The Merge¨, de la blockchain Ethereum s’est effectuée avec succès. Le remodelage de la machine numérique, qui est le cœur même du fonctionnement de la deuxième plus grande cryptomonnaie, en capitalisation boursière, s’est avéré concluant. La fusion a été un franc succès, permettant ainsi à la blockchain de passer du Proof of Work (preuve de travail) au Proof of Stake (preuve d’enjeu), mais un risque plane le réseau. En effet le nouveau mécanisme de consensus d’Ethereum, le Proof of Stake, serait aux mains de quelques validateurs, voire d’institutions qui au fil du temps, s’approprieraient du jalonnement de nouveaux blocs fraîchement créés. Par ailleurs, une partie de la communauté semble bien décidée à continuer de miner de l’ETH. Mais avant cela, revenons sur la notion de Proof-of-stake.

Qu’est-ce que le Proof of Stake (PoS) ?

Le Proof of Stake (POS), ou preuve d’enjeu est un type de mécanisme de consensus utilisé pour valider les transactions de cryptomonnaies. Avec cette approche, les propriétaires de cryptomonnaies peuvent miser leurs pièces, cela le pouvoir d’examiner et d’ajouter/créer de nouveaux blocs de transactions à la blockchain.

Le Proof of Work (POW), ou encore preuve de travail, qui le premier mécanisme de consensus de cryptomonnaie créé, est un substitut à ce dernier processus. La preuve d’enjeu a gagné en popularité car l’inquiétude quant à l’impact de l’extraction de cryptos sur l’environnement a augmenté car elle est nettement plus économe en énergie.

  • Mode de fonctionnement

Les propriétaires d’une cryptomonnaie peuvent miser leurs jetons numériques et établir leurs propres nœuds de validation en utilisant le concept de preuve d’enjeu (POS). Ainsi le jalonnement consiste à engager vos pièces et à les utiliser comme garantie (ou autrement dit, collatéral) afin de vérifier les transactions. Pendant que vous misez vos pièces, elles sont bloquées durant un temps imparti.

Le mécanisme de preuve d’enjeu de la cryptomonnaie sélectionnera un nœud (ordinateur) pour constituer un bloc de transactions. Cependant, si un validateur propose d’ajouter un bloc avec de fausses informations, il perd une partie de ses avoirs jalonnés à titre de pénalité grâce à un algorithme qui s’assure de l’exactitude des informations communiquées.

  • Ressource énergétique du PoS

La quantité de pièces mises en jeu par un validateur détermine la puissance de minage en preuve d’enjeu. Il est plus probable que les participants qui misent plus de pièces soient sélectionnés pour ajouter de nouveaux blocs supplémentaires.

La manière dont chaque protocole de preuve d’enjeu sélectionne les validateurs varie. La procédure sélective peut également être influencée par d’autres éléments, tels que la durée pendant laquelle les validateurs jalonnent leurs pièces. Et il y a souvent un certain degré de hasard impliqué.

Cependant la quantité de pièces jalonnées dépend en quelque sorte des pièces misées au départ. Si par exemple vous misez un pourcentage de 0.05%, vos chances seront moindres et proportionnelles à vos mises initiales. Et les probabilités d’être le prochain validateur seront ainsi de 0.05%.

Afin d’augmenter leur chance d’obtenir de nouveaux blocs, un agglomérat d’utilisateurs met leurs jetons en commun accord et le propriétaire du ¨pool¨ de jalonnement met en place le nœud de validation. Chaque membre du ¨pool¨ reçoit une partie des récompenses. De plus, le propriétaire du ¨pool¨ pourrait exiger des frais nominaux plus ou moins importants.

C’est ainsi qu’on remarque une concentration de validateurs sur un même nœud plus lucratif ou sécurisé. Ce système engendre une dominance concentrée sur une seule partie, ce qui pourrait éventuellement causer une faille de sécurité.

L’après ¨ The Merge ¨ : les enjeux d’une centralisation des ETH pour le réseau Ethereum 

Les validateurs, qui misent au moins 32 ETH sur une adresse du réseau Ethereum, prennent désormais la place des mineurs.

Quelle est la répartition du staking sur le réseau Ethereum ? Source : Nansen

La Beacon Chain, un réseau de preuve d’enjeu qu’Ethereum lancé en 2020, a servi de zone de transit pour les validateurs afin de se préparer au changement jusqu’à The Merge. La Beacon Chain et le réseau principal Ethereum ont été combinés afin qu’Ethereum passe à la preuve d’enjeu (en savoir plus).

Dans les heures qui ont suivi The Merge, deux organisations, Coinbase et Lido, ont ajouté à elles seules, plus de 40 % des blocs du réseau.

Selon le cofondateur Martin Köppelmann, de Gnosis, une société d’infrastructure Ethereum; Lido contrôle désormais 27,5% du staking, tandis que Coinbase est en deuxième position avec 14,5%.

Dans son tweet, Köppelmann mentionne les premiers signes de consolidation du réseau :

“Sur les 1 000 derniers blocs, 420 ont été construits uniquement par Lido et Coinbase”

Ce qui fait d’ailleurs craindre une centralisation des nouveaux jetons générés, sans pour autant inciter à les remettre sur le marché.

Ces validateurs qui se substituent aux mineurs, n’ont besoin d’aucune dépense supplémentaire des ETH jalonnés. Pas besoin d’achats de nouveaux outils informatiques, ni payer le coût d’électricité. Il suffit de mettre des Ether en contribution et de les bonifier au fil du temps. 

Il sera plus difficile pour les autres parties de publier des transactions dans le registre d’Ethereum si une entité détient plus de 60 % de l’éther jalonné du réseau.

Le mois dernier, les inquiétudes concernant la concentration des validateurs sont devenues plus prégnantes.  Alors que les sanctions du gouvernement américain ont suscité des inquiétudes quant à savoir si les validateurs seraient obligés de filtrer les transactions provenant d’adresses particulières avec l‘ampleur de l’affaire Tornado Cash. Ceci signifie qu’il pourrait être plus difficile pour ces transactions d’être intégrées au registre d’Ethereum.

Enfin, selon un rapport du Wall Street Journal, du jeudi, Le président de la SEC, Gary Gensler, a déclaré que les cryptomonnaies de preuve d’enjeu pourraient être considérées comme des titres car les actifs natifs des blockchains de preuve d’enjeu permettent aux détenteurs de gagner des rendements grâce au jalonnement de manière passive, peuvent satisfaire le test de Howey.

Un fork de Ethereum et la création d’une blockchain parallèle fonctionnant en POW

La fusion sur Ethereum est contestée par une partie de la communauté Ethereum. En effet, certains mineurs estiment que la blockchain devrait continuer à fonctionner avec le consensus proof-of-work (POW) ou preuve de travail. Ainsi, un fork (ou changement des fondamentaux de la blockchain) a été opéré. On a assisté à la scission de la blockchain avec d’un côté le réseau principal qui marche désormais avec le consensus POS et de l’autre, “ETHPoW, une blockchain continuant à fonctionner avec le POW avec le jeton ETHW.

À l’instar de Bitcoin Cash et Ethereum Classic, ETHPoW naît du désaccord d’une partie de la communauté, en décalage avec ces changements profonds, approuvés par la majorité de la communauté.

Affaire à suivre.

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