Née en 1980, de nationalité bulgare, Ruja Ignatova est une frauduleuse femme d’affaires, jugée pour de nombreux montages financiers scandaleux. Elle est surtout connue comme la fondatrice d’un système pyramidal. Un projet de monnaie virtuelle, aux financements rocambolesques, baptisé One Coin, qui n’a d’ailleurs jamais vu le jour. Ce que The Times a décrit comme étant “l’une des plus grandes escroqueries de l’histoire”. Elle fut même l’objet d’une série de podcasts en 2019, par la BBC, appelée The Missing Crytoqueen.
Surnommée encore ‘’la reine des cryptos’’, elle figure désormais sur la liste des 10 personnes les plus recherchées par le FBI.
Sur les traces de “la reine des cryptomonnaies”
À l’âge de dix ans, Ruja Ignatova émigre avec sa famille en Allemagne, à Schamrbang.
Elle obtient ainsi son doctorat en Droit privé européen à l’Université de Constance, avec une thèse qui traite des conflits de lois.
Avant de sombrer dans des déboires judiciaires, et être à l’origine de l’une des fraudes de cryptomonnaie les plus importantes, Ruja Ignatova était multidiplômée elle disposait en outre, d’un diplôme de droit à Oxford et avait travaillé dans des cabinets de conseil prestigieux comme McKinsey.
Tout commence en 2012, lorsqu’elle est condamnée pour fraude suite à l’achat d’une entreprise par elle-même et son père Plamen Ignatov, qui a ensuite été déclarée en faillite dans des circonstances douteuses. À ce moment-là, elle écope d’une peine de 14 mois avec sursis.
En 2014, Ruja Ignatova fonde OneCoin et comment à commercialiser sa cryptomonnaie en tant que “Bitcoin Killer” (“tueur de Bitcoin”) alors que derrière ce Bitcoin Killer, se cachait en réalité une arnaque à grande échelle.
OneCoin, the ‘’bitcoin killer’’ : un projet imaginaire
Remontons le fil de cette histoire rocambolesque.
D’après les conclusions de l’enquête, l’entreprise comptait des investisseurs du monde entier, dans plus d’une centaine de pays et fonctionnait à l’échelle mondiale. Les documents trouvés au cours de l’enquête montrent que OneCoin a généré à lui seul 3,353 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 2,232 milliards d’euros de “bénéfices”, entre le quatrième trimestre de 2014 et le troisième trimestre de 2016.
Ignatova aurait fait des déclarations frauduleuses afin d’amasser des sommes d’argent substantielles d’investisseurs débutants, qui ne savaient pas comment investir dans les cryptomonnaies, à cette époque-là.
Le marketing de réseau a été un pilier de premier choix pour attirer toujours plus de clients. Pour tromper son monde, Ignatova aurait offert à ces clients des récompenses en cash, lorsqu’ils réussissent à parrainer d’autres personnes pour rejoindre OneCoin. Elle aurait également promis aux investisseurs des rendements faramineux avec de faibles risques.
‘’Elle a chronométré avec succès son plan pour tirer profit de la spéculation irrationnelle des premiers jours de la cryptomonnaie’’ déclara Damian Williams, procureur fédéral de Manhattan.
Par ailleurs, selon l’agence de presse AFP, OneCoin n’était soutenue par aucune technologie sécurisée et indépendante de type blockchain, comme le sont les cryptomonnaies en général.
Or, comme l’a relayé dans un communiqué de presse, l’agent spécial du FBI, Ronald Shimko :
“OneCoin prétendait avoir une blockchain privée’’.
En outre la cryptomonnaie était censée fonctionner en POW et créée par des mineurs : un autre artifice. En réalité, OneCoin n’a pas été minée du tout; au lieu de cela, Ignatova et ses complices définissaient la valeur de la cryptomonnaie entièrement en interne.
OneCoin n’était en effet qu’un schéma de Ponzi classique, monté de toutes pièces par un groupe d’individus sans scrupule avec à sa tête Ruja Ignatova. Le montage est assez banal, mais astucieux et nous renvoie à l’affaire Liyeplimal qui est amenée devant la justice et dépasse l’affaire en préjudices car le montant volé est de 5 milliards de dollars tandis que l’affaire Liyeplimal n’a pas été encore jugée et selon des estimations, le montant de l’arnaque est estimé à 1 voire 2 milliards de dollars.
L’affaire a réellement été mise à jour en 2017, lorsque des enquêteurs internationaux se sont approchés de l’organisation qui avait alors disparu.
Les enquêteurs localisent Ruja Ignatova, le 25 octobre 2017 à Sofia, en Bulgarie, à Athènes, en Grèce, mais n’ont plus eu de traces d’elle depuis.
En 2019, les États-Unis dévoilent un acte d’accusation contre elle, l’accusant de fraude en valeurs mobilières, de fraude électronique et de complot en vue de blanchir de l’argent. Dans un accord avec des responsables américains, son frère Konstantin Ignatov a reconnu sa culpabilité pour fraude électronique après avoir été détenu en mars 2019 à l’aéroport international de Los Angeles. Sebastian Greenwood, un autre compagnon, a été placé en garde à vue en Thaïlande en 2018 puis extradé aux États-Unis, où il est désormais incarcéré dans l’attente de poursuites. En novembre 2019, l’avocat américain Mark Scott, un des complices, a été reconnu coupable d’avoir blanchi 400 millions de dollars pour l’organisation.
Le FBI offre une récompense pouvant aller jusqu’à 100 000 dollars pour toute information menant à l’arrestation de Ruja.