La Poste se lance dans les NFTs en proposant une collection de 10 NFTs représentant des portraits de personnes rencontrés par les facteurs de France, alors que récemment, Daniel Villa Monteiro, Directeur Pédagogique chez l’Alyra, l’école de la Blcokchain nous énonçait justement lors d’une interview consacrée à l’Éclairage Crypto, comment la Poste avait su se renouveler et proposer des services adaptés avec l’apparition d’internet.
L’occasion d’analyser en détail ce projet Web 3.0 porté par le Groupe La Poste et de déterminer si, à l’instar du web, ce projet se place dans la continuité d’une stratégie d’adaptation menée par le groupe, face à l’émergence des NFTs.
Le premier réseau commercial de proximité en France et premier opérateur européen dans le colis-express innove dans la manière dont l’entreprise endosse son rôle social dans la société civile
La Poste est une société publique détenue par la Caisse des dépôts (à hauteur de 66%) et l’État français (à hauteur de 34%). Ce leader du colis français qui a su se diversifier et faire la différence en proposant des services de proximité non seulement en France mais en Europe et à l’international. En effet, le groupe La Poste réalise 59% de son chiffre d’affaires en France et 41 % de son chiffre d’affaires à l’international, il est présent dans 63 pays sur 5 continents. C’est le premier opérateur européen dans le colis-express, il a livré 2,1 milliards de colis en 2021 sous la marque DPDgroup du nom du numéro 2 Allemand du colis, sa première acquisition à l’international en 2001.
La Poste a été le premier opérateur postal européen à se positionner sur le marché du colis-express, la livraison rapide de colis de moins de 30 kg, jusqu’alors dominé par les intégrateurs logistiques américains (UPS, FedEx, DHL). En 1999, il crée la holding GeoPost et bâtit, au fil de partenariats et d’acquisitions, une entité capable de répondre aux besoins de la clientèle internationale. Après sa première acquisition (DPD) en 2001, le groupe en fera d’autres : SEUR en Espagne, Masterlink puis Siodemka en Pologne, BRT en Italie, JadLog au Brésil, DPD Laser en Afrique du Sud, Ninja Van en Asie du Sud-Est, etc.
Aujourd’hui, le groupe est le premier réseau de proximité en France et propose différents services de proximité: colis-express, courses, les repas ou les médicaments à domicile services bancaires, etc. C’est également, le premier réseau de livraison de colis en Europe :
- n°1 en Espagne, en Pologne, en Irlande, en Slovanie, en Lituanie et en Lettonie,
- n°2 en Allemagne, au Royaume-Unis, en Autriche, en Belgique, au Portugal, en République Tchèque, en Bulgarie et en Estonie
- n° 3 en Suisse, Croatie, et Slovénie avec une forte présence à l’international grâce à ses filiales détenues à 100% en Russie, Biélorussie, en Chine, au Kazakhstan, Afrique du Sud et au Brésil et des participations minoritaires, en Inde, Turquie, Asie du Sud-Est, Afrique francophone (Maroc et Burkina Faso) et en Egypte.
Le rôle social de l’entreprise en France
Dans le contexte d’affaiblissement de l’Etat et de ses moyens d’action que l’on constate en France et à l’étranger, les entreprises, quels que soient leur taille, leur ancienneté et leur domaine d’activité, sont amenées à jouer un rôle prépondérant dans la société civile.
Durant les 30 dernières années, un grand nombre de dirigeants, pensait, à tort, que la seule finalité à leurs activités était la recherche de toujours plus de profit. Mais on le voit, avec les bouleversements sociétaux (permis par internet) et environnementaux, l’entreprise ne peut évoluer sans se soucier de ses salariés et de l’impact social et environnemental qu’elle a dans la société. L’entreprise a un rôle a joué auprès de ses salariés, dans la société civile et dans la transition énergétique. Ainsi, depuis une dizaine d’années, de nombreuses entreprises, petites et grandes ont évolué en ce sens.
En France, on a décidé que la responsabilité sociale serait institutionnalisée par le biais de la régulation et se matérialiserait dans le droit français, dés 2018, avec la loi Pacte.
À l’occasion d’une interview donnée à Le Echos, Bruno Le Maire alors ministre de l’Économie était revenu sur les propositions du projet de loi modifiant l’objet social de l’entreprise et sur les projets de privatisations du gouvernement en déclarant que “l’entreprise a aussi un rôle social et environnemental”.
“Nous avons suivi les recommandations de Jean-Dominique Senard et Nicole Notat qui ont fait un travail remarquable. L’objectif est de mettre en adéquation notre droit avec la réalité des entreprises en France et leur donner toute la place qui leur revient. L’entreprise ne se limite pas à la recherche du profit mais elle a aussi un rôle social et environnemental. Cette nouvelle place repose sur un élément clef : la raison d’être de l’entreprise. L’article 1833 du Code civil sera modifié en ce sens. Quant à l’article 1835, il précisera que les statuts de l’entreprise peuvent définir une raison d’être dont la société entend se doter pour décrire son activité. Ce ne sera pas une contrainte. Cette définition se déclinera dans le Code du commerce par une modification des articles concernant les compétences du conseil d’administration et du directoire (L. 225-35 et L. 225-64).”
“Nous voulons être à la pointe de la redéfinition du capitalisme européen“
“Pour défendre les intérêts des consommateurs et les droits de nos concitoyens, faut-il une présence de l’Etat au capital des entreprises du secteur concurrentiel ou le renforcement de la régulation ? La régulation est une des voies les plus efficaces pour permettre à l’Etat de jouer son rôle dans l’économie.”
Bruno Le Maire
Le choix de la Poste : un usage marketing du NFT qui allie l’utile au marketing
Lors de la crise récente en Ukraine, les grandes entreprises du Web 3 et d’autres pans d’activités se sont toutes mobilisées pour apporter leurs soutiens aux Ukrainiens.
Contrairement aux entreprises qui exercent leurs activités en dehors du Web 3, ce mastodonte du colis de proximité a choisi, cette fois-ci, de lancer une collection de 10 NFTs.
En collaboration avec Yann Arthus Bertrand, photographe, reporter, réalisateur et militant écologiste français et président de la Fondation GoodPlanet, la Poste édite une exposition virtuelle aux enchères intitulée « Visages de France des Facteur ». Sur les plus de 4000 photos présentées, 10 ont été converties en NFT et arborent les portraits des personnes rencontrées par les facteurs dans toute la France aux couleurs du groupe. La collection est actuellement disponible sur Binance NFT et tous les profits amassés pour cette vente aux enchères caritative seront reversés à la Croix-Rouge, très active dans l’aide humanitaire pour l’Ukraine et qui a décidé récemment d’intégrer dans ses actions des approches qui tiennent compte des changements climatiques et de l’urgence écologique (source).
Auparavant, le groupe avait lancé en juin dernier, une série de timbres “Unis dans la crise ukrainienne”, à 525 000 exemplaires, au profit de la Croix-Rouge française, qui s’inscrit dans le plan d’actions solidaires que La Poste mène depuis mars 2022.
En faisant le choix de lancer une collection NFT, La Poste fait le choix de la réciprocité et s’offre de la visibilité en accédant à un marché auquel le groupe n’a pas forcément accès tout en offrant de belles illustrations à l’image du groupe et de la France : une réelle stratégie d’adaptation face à l’émergence des NFTs.
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