Le FMI prévoit une croissance de 0,5% en 2023 et fait état d’un risque de récession pour la même année. De nombreux pays sont d’ores et déjà touchés de plein fouet par l’inflation. Dans le même temps, tout le monde parle des cryptomonnaies. Nous vivons une époque intéressante qui soulève de nombreuses questions. Allons-nous vers une nouvelle Grande Dépression à l’échelle mondial ? La récession va-t-elle déclencher l’adoption de monnaies alternatives comme le bitcoin ? Que signifie tout cela pour l’avenir ? Examinons certains des facteurs qui pourraient influencer le taux d’adoption des cryptomonnaies et de leurs alternatives à l’avenir…
Retour sur l’époque de la Grande Dépression
Pendant la Grande Dépression on a eu un effondrement du système bancaire. En raison du krach boursier survenu aux États-Unis, les investisseurs ont perdu confiance dans le système bancaire et ont commencé à retirer leur argent des banques. Le gouvernement a tenté d’intervenir en instaurant des congés bancaires et en limitant l’accès aux dépôts des particuliers. À la fin des années 1930, environ 4 milliards de dollars avaient été retirés des banques aux États-Unis, et le système bancaire était pratiquement fermé. Bien qu’il s’agisse d’un scénario extrême, la Grande Dépression a vu beaucoup de gens commencer à perdre confiance dans le système financier. Cela a entraîné une baisse de la demande de devises émises par les gouvernements et s’est propagé en Europe et à travers le monde. À titre d’exemple, le dollar américain a perdu environ 66 % de sa valeur par rapport à la livre sterling entre août 1929 et juin 1935.
Définition d’une récession
Une récession est une période pendant laquelle les performances d’une économie sont inférieures à son potentiel. Elle se produit généralement lorsqu’il y a une baisse significative du produit intérieur brut (PIB), associée à une augmentation du chômage et à une baisse de la consommation des ménages. Une récession se produit lorsque le taux de croissance de l’économie est nettement inférieur à ce qui est prévu. Les économistes utilisent une série de mesures, dont le produit intérieur brut (PIB), le chômage et le taux d’inflation, pour déterminer si l’économie est en récession. Aux États-Unis, une récession est déterminée par le fait que l’économie s’est contractée pendant au moins deux trimestres consécutifs, ou autrement dit six mois consécutifs. C’est différent d’une dépression, qui se caractérise par un ralentissement économique extrême qui dure pendant une période prolongée.
Les occidentaux vont-ils chercher des alternatives ?
L’une des principales raisons pour lesquelles les gens recherchent des monnaies alternatives est de se protéger de l’inflation. On parle d’inflation lorsque la valeur de la monnaie que vous utilisez diminue. Cela signifie que les prix des biens et des services augmentent. Le gouvernement essaie généralement de faire des arbitrages afin de ramener le taux d’inflation à sa valeur cible. En Europe, l’objectif d’inflation est de plus ou moins 2% sur le moyen terme et de 2% aux États-Unis.
Plus de transparence dans les entreprises et les administrations
Avec l’avènement de l’internet, nous avons assisté à une augmentation de la transparence. Nous avons facilement accès à une multitude d’informations et pouvons vérifier l’authenticité des entreprises et des produits. Nous pouvons même utiliser les médias sociaux pour signaler les fraudes et les abus. Avec la technologie blockchain et la possibilité de stocker des informations sans autorité centrale, les entreprises peuvent être plus transparentes avec leurs clients. En effet, de nombreuses startups blockchain utilisent cette technologie pour accroître la transparence dans des domaines tels que les chaînes d’approvisionnement et les services financiers. Si nous avons assisté à de nombreux changements positifs en matière de transparence gouvernementale au cours de la dernière décennie, nous n’en sommes qu’aux prémisses. Des pays comme le Canada et l’Estonie militent depuis des années en faveur d’une plus grande transparence des gouvernements.
La naissance d’Ethereum et des contrats intelligents
Le battage médiatique autour de la technologie blockchain a créé la tempête parfaite pour l’adoption des cryptomonnaies. La cryptomonnaie la plus populaire, le bitcoin, a été créée en 2008 et ce n’est qu’à partir de 2015 que le monde a assistés à une explosion des altcoins. Cependant, la technologie blockchain était limitée dans sa portée et ses applications. Puis Ethereum est arrivé en 2015 et a changé la donne. Ethereum est une plateforme décentralisée qui permet aux développeurs de créer des applications en utilisant la technologie blockchain. Ethereum permet aux entreprises de créer des “Smart Contracts” : des contrats intelligents ou accords vérifiés, exécutés et appliqués électroniquement. Les contrats intelligents permettent aux entreprises de créer des contrats auto-exécutés qui ne dépendent pas d’intermédiaires tiers. C’est une excellente nouvelle pour les particuliers et les entreprises, car cela signifie que des transactions comme les paiements des fournisseurs et les livraisons de produits peuvent être complètement automatisées.
Une adoption en hausse dans les pays émergents
La dernière étude menée par Chainalysis prévoit une hausse de l’adoption des cryptos. Aujourd’hui, 0,3% de la richesse individuelle serait investie dans les cryptoactifs par les individus, soit environ 300 millions de personnes et moins de 0,1% des fonds seraient placés en cryptoactif par les investisseurs institutionnels. D’après cette étude, les utilisateurs crypto vont être encore plus nombreux, jusqu’à atteindre le milliard d’utilisateurs particuliers et institutionnels.
L’étude prévoit trois facteurs majeurs à cette évolution :
- L’augmentation de la participation des institutionnels pour les dérivés de crypto et notamment la tokénisation d’actifs comme nous avons pu le voir dernièrement.
- La montée du Web 3 et le développement de projets toujours plus innovants et disruptifs
L’adoption des crypto par les marché émergents constituera “un champ de bataille clé” pour les échanges mondiaux en raison de la présence d’infrastructures financières encore jeunes.
La mauvaise nouvelle est que…
Si le bitcoin et les autres cryptomonnaies ont un fort potentiel, il reste encore quelques défis majeurs à relever. Le premier défi est l’évolutivité. Le bitcoin ne peut gérer qu’un certain nombre de transactions par seconde (7ts/s), ce qui est très peu comparé à la moyenne de 16 000 transactions par seconde de Visa. Une objection serait de dire qu’il existe le Lighning Network. Néanmoins, même si l’efficacité du layer 2 est similaire à Visa, son utilisation demande encore des compétences techniques : une barrière importante à son utilisation quotidienne par le plus grand nombre.
Un autre défi auquel les cryptomonnaies sont confrontées est la réglementation. De nombreux pays ne savent pas encore comment réglementer le bitcoin et les autres cryptomonnaies. De nombreux gouvernements sont préoccupés par le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale, ce qui explique les nombreuses mesures de répression réglementaires prises récemment. Il reste également quelques inconnus liés à la gouvernance de Bitcoin.
Par ailleurs, concernant Bitcoin, bien que le réseau soit décentralisé, la gouvernance reste aux mains d’un “petit” nombre personnes. En effet, il existe aujourd’hui plus de 10 000 nœuds répartis dans le monde, avec une forte concentration dans les pays du Nord et d’Asie du Sud-Est. À l’échelle des 7,7 milliards de personnes recensés sur la planète, ca semble peu pour une population mondiale aussi grande. Par ailleurs, pouvons nous réellement parler d’une décentralisation totale au vu de cette concentration géographique ? Le débat est ouvert.
Enfin, il reste toujours quelques portefeuilles dormants détenant un nombre de Bitcoin suffisamment important pour déstabiliser une économie entière que reposerait unique sur Bitcoin en cas de retrait des sommes. Le portefeuille de Satoshi Nakamoto détiendrait plus de 1 million de Bitcoins soit l’équivalent de 19 milliards 687 millions 490 milles dollars aujourd’hui.
Pour ces trois raisons citées, l’adoption de Bitcoin comme monnaie légale à grande échelle a peu de chances de se produire; du moins, pour l’instant bien que d’après l’étude les cryptos gagneront du terrain. Adoption et investissement restent deux éléments à distinguer. En outre, un autre frein à son adoption est bien entendu, la nécessité de la transition énergétique en occident.