Le conseil d’administration de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC), dont le siège social est à Yaoundé, au Cameroun, depuis 1977; se lance dans l’introduction d’une Monnaie Numérique de Banque Centrale (MNBC), la première de cette envergure en Afrique, afin de moderniser ses systèmes de paiement et promouvoir l’inclusion financière régionale entre les six pays membres de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) que sont, le Cameroun, la République Centrafricaine, la République du Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad.
Avant cela, un certain nombre de mesures ont été mises en place en République Centrafrique pour favoriser un renouveau économique après l’adoption de e-naira par le Nigeria.
Le pays centrafricain a non seulement adopté le Bitcoin comme monnaie légale dans le cadre d’une politique encadrée mais également, une véritable crypto-nation autour du Sango Coin, une monnaie numérique nationale, afin d’établir un cadre propice aux innovations et une cryptoéconomie reposant sur les ressources naturelles du pays.
Cette nouvelle intervient après une forte contestation de la banque centrale régionale contre l’adoption légale du Bitcoin, également très critiquée par le FMI.
“La loi adoptant le bitcoin comme cours légal en RCA est “incompatible avec les accords et conventions régissant l’Union monétaire de l’Afrique centrale et les statuts de la Banque des États de l’Afrique centrale”, a déclaré l’union monétaire régionale dans un communiqué séparé jeudi soir.” selon Bloomberg
Cette initiative impulsée par les États membres de la CEMAC entre dans la continuité d’initiatives du secteur privé. Il existe aujourd’hui de nombreux projets privés pour favoriser l’inclusion financière. En effet, 2021 et 2022 ont vu émerger de nombreux projets africains autour des cryptomonnaies. À titre indicatif, en 2020, la plateforme Ejara proposant des produits d’investissement innovants lève 1,5 million de dollars pour développer ses activités. En 2021, Mara lève 25 millions de dollars pour construire une plateforme panafricaine d’échange de cryptomonnaie et FTX, l’une des plateformes les plus dynamiques de ces dernières années ouvre une succursale en Afrique. En outre, le Zimbabwe réfléchi à une adoption du Bitcoin et le Rwanda s’est déjà penché sur cette question et n’a rien décidé pour 2022.
Un cadre de loi devrait également voir le jour afin de construire des bases réglementaires communes au pays membres, selon des déclarations faites par la Banque Régionale d’Afrique centrale.
Ces dernières années, nous avons assisté à une recrudescence des discussions sur l’inclusion financière des populations des économies en développement. Alors que beaucoup d’entre eux luttent encore pour se passer d’argent liquide, certains pays africains ont pris des mesures importantes en faveur de la numérisation. Le Kenya et le Nigeria, notamment, se sont révélés être des pionniers en matière de services d’argent mobile proposés par les opérateurs de télécommunications et de portefeuilles numériques proposés par des sociétés de commerce électronique comme Amazon ou Alibaba. Ces services constituent un grand pas vers l’inclusion financière en aidant les personnes à épargner de l’argent, à accéder au crédit et à effectuer des paiements plus facilement. Cependant, ils laissent aussi place à l’amélioration car ils ne répondent pas à d’autres besoins importants auxquels la plupart des Africains sont confrontés tels que l’épargne, l’investissement et le financement des entreprises ainsi que les échanges B2C et B2B car le secteur du paiement mobile est un secteur cloisonné sans réelle interopérabilité entre les opérateurs. À bon entendeur ;).